Compte rendu de l'AG commune étudiants/personnels du 24 mars

Publié le

Assemblée générale commune du 24 mars 2009

Ordre du jour :
1.Bilan des coordinations, état du mouvement
2.Perspectives d'actions
3.Motions


1. Bilan des coordinations, état du mouvement

La première coordination des personnels BIATOSS s'est tenue le samedi 21 mars
à l'université Paris 8 (site de Saint-Denis). Une centaine de personnes
présentes, représentant une vingtaine d'établissements. La mobilisation est
réelle mais inégale : certains collègues en grève reconductible, d'autres
menant des opérations « bureaux vides »...
Un certain nombre de motions ont été votées, parmi lesquelles les personnels
BIATOSS appellent à la titularisation des personnels précaires, à des
revalorisations de salaires (aucun salaire à moins de 1500 euros nets), à
l'abrogation de la loi LRU. Une motion, également, à l'adresse des
organisations syndicales afin qu'elles donnent clairement suite à la journée
interprofessionnelle du 19 mars dernier afin d'organiser un nécessaire rapport
de force avec le gouvernement.
Un appel à d'éventuels états généraux de la condition universitaire a été
lancé.
Action prévue le 2 avril : grève et opérations « bureaux vides » dans tous les
établissements.
Prochaine coordination : 4 avril à l'université Paris 8 (Saint-Denis).

Coordination nationale étudiante (CNE) et des universités (CNU) tenues à
Strasbourg, respectivement, les 21-22 mars et le 23 mars.
La CNE réaffirme sa légitimité à rester véritablement représentative des
étudiants. Elle réclame toujours le retrait pur et simple des décrets
(enseignants-chercheurs et mastérisation) et l'abrogation de la LRU. Mais les
revendications doivent s'élargir au cas des étudiants salariés et sans
papiers. Appel à la solidarité internationale, en direction de tous les
mouvements européens. Projet d'appel au forum du supérieur qui se tiendra à
Louvain.
Constat et réitération de la vaste mobilisation des universités. « Si on
s'arrête maintenant, on est mort ». La CNU en appelle à l'opinion publique
compte tenu de la surdité du gouvernement, seul responsable de la situation
actuelle. La détermination reste très forte.
La CNU appelle au boycott des commissions paritaires d'établissements.
Elle constate néanmoins une certaine difficulté à mobiliser, sur certains sites.
S'est exprimée une inquiétude sur la question de la validation du semestre.
Cette question a été laissée à la prochaine coordination pour en débattre.
Il faut rester constant dans le mouvement, et tenter d'organiser les actions
sur le plan national. Le diagnostic s'est élargi à la casse du service public,
et au traitement inacceptable des salariés du secteur privé. La CNU appelle
donc à la convergence des luttes.
Les réponses du ministère, manœuvres purement dilatoires, sont jugées
inacceptables. L'abrogation des décrets (enseignants-chercheurs et
mastérisation) et de la LRU reste exigée.
Parmi les motions adoptées, on note l'appel à l'intensification des actions, la
confirmation de la participation de la coordination à la journée « péages-
gares », la prise en compte de la nécessité de réflexions locales quant à la
validation du semestre (en liaison avec les étudiants et les personnels
administratifs), un appel aux élus et aux institutions européennes pour les
sensibiliser aux enjeux portés par le mouvement, un appel aux médias et à
l'opinion publique, un appel à une convergence des luttes et à l'organisation
de forums sociaux.
Calendrier :
mercredi 25 mars : actions non violentes aux rectorats ;
jeudi 26 et vendredi 27 mars : actions non violentes « péages-gares » ;
31 mars : cérémonie de non-remise des maquettes ;
2 avril : journée de mobilisation nationale.
Prochaine CNU : 6 avril.

CEVU
Le prochain CEVU (extraordinaire) se tiendra mercredi 25 mars.
La question de la non-pénalisation des étudiants est évoquée, ainsi que celle
de la banalisation du semestre.
L'article L 613-1 alinéas 1 et 3 encadrent les conditions de délivrance des
diplômes (selon les résultats du contrôle continu ou de l'examen terminal).
Est proposé le passage au régime d'examen terminal. Les étudiants déjà notés
devront, le cas échéant, le signaler aux secrétariats afin qu'il en soit tenu
compte. Cette proposition reste évidemment provisoire et susceptible de varier
selon la suite des événements.
On envisage également la banalisation, c'est-à-dire la validation du semestre
pour tous les étudiants.
Appel est lancé à toutes les universités à créer le rapport de force et,
surtout, à adopter la même disposition sur cette question de non-pénalisation
des étudiants.
Autre mode d'action proposé : inonder le ministère de courriers dénonçant
l'attitude du gouvernement, seul responsable d'un état de fait qui pénalise
les étudiants et met également les enseignants dans une position extrêmement
difficile.

Journée interprofessionnelle du 19 mars
Grand succès avec quelque 3 millions de personnes dans la rue. La mobilisation
a été très large, et on a constaté une grande diversité parmi le milieu
universitaire mobilisé. La grève a été globalement bien suivie, avec néanmoins
un service minimum imposé dans certains cas.
Le gouvernement observe un mutisme total. Quant aux organisations syndicales,
elles n'appellent pas à la poursuite du mouvement, en dehors des
manifestations traditionnelles du 1er mai.
On constate, là encore, la nécessité d'organiser une convergence des luttes,
du secteur public comme du privé.

Répression
Suite à la fin de la manifestation du 19 mars, 49 personnes (principalement des
étudiants et lycéens) ont été inculpées. Elles sont tombées dans un véritable
piège tendu par la police : à la dispersion de la manifestation, place de la
Nation, les forces de l'ordre ont sciemment refermé une nasse sur des
manifestants jeunes et inexpérimentés, qui ont cru naïvement trouver la
sécurité en restant près des journalistes (lesquels ont fini par quitter les
lieux, laissant leurs « protégés » seuls). Malgré l'ambiance bon enfant, les
forces de l'ordre ont chargé, très violemment.
Les comptes-rendus médiatiques se sont faits sur la seule source de la
Préfecture...
Les inculpés seront jugés le 6 avril et le 4-5 mai prochains. Une partie est
sous contrôle judiciaire. Le risque est très grand de condamnations sur fond
politique. En ce sens, une très lourde condamnation a déjà été prononcée
(quatre mois fermes).
Une motion de soutien est proposée.

Prêt étudiant
Rappel est fait de l'origine de la loi LRU, basée sur le processus de Bologne
qui consiste, pour faire vite, à unifier le processus d'acquisition des
connaissances, à l'échelle européenne, dans le sens de la rentabilité. Cette
logique est absolument contraire à celle qui domine encore la vie
universitaire, et qui tend à former des êtres indépendants et émancipés.
Une délégation de 92 députés a proposé un décret selon lequel les droits
universitaires seraient remplacés par un prêt garanti par l'État, à rembourser
au cours de la vie active.
L'argument avancé par les députés, consiste à dire que de toute façon, le
système est inégalitaire. Ce qui est vrai. Aussi, et sur cet état de fait, le
mouvement des universités doit se prononcer. C'est une autre vision de la
société qu'il faut mettre en avant, et non seulement des concepts parfois
flous, face à des attaques très dures et très structurées.


Débat
La validation du semestre. Un argument contre la banalisation est invoqué,
celle-ci risquant de diviser la communauté universitaire. Il s'agit de
préserver un minimum de collégialité, et l'autonomie du savoir par rapport au
pouvoir politique et économique. On pourra se fonder sur une appréciation d'un
travail minimum effectué à la suite du mouvement.
Cela étant, la question de la banalisation du semestre doit se poser. Il
s'agit aussi de ne pas pousser les enseignants et les étudiants à reprendre
les cours. L'objectif principal reste l'abrogation des décrets et de la LRU.
On fait remarquer que le sauvetage du semestre n'a plus grand sens après près
de 8 semaines de grève. La proposition d'allonger le semestre ou d'organiser
les examens en septembre est très dangereuse pour les étudiants salariés qui
travaillent en été. Il faut, au contraire, se donner les moyens d'aller
jusqu'au bout et ne pas se focaliser sur le calendrier.
Une autre remarque favorable à la banalisation souligne ainsi l'équité de
traitement entre les étudiants, mais aussi le piège de l'organisation
technique. Comment traiter le cas des étudiants étrangers, par exemple, fort
nombreux à Paris 3 ?
Un appel aux professeurs est lancé, afin qu'ils donnent au moins le contenu des
cours aux étudiants - nombreux - qui le souhaitent. En ce sens, il est
nécessaire de songer dès maintenant à l'après-grève.
À ce stade du mouvement, il est impératif d'observer le contexte et l'état
actuel de la situation. La mobilisation est exceptionnelle, mais les réponses
obtenues misérables. Il faut envoyer un message clair au gouvernement, qui
traduira la détermination des enseignants et des étudiants. La validation du
semestre va en ce sens.
Le succès de la journée du 19 mars montre bien l'importance à s'associer à de
telles dynamiques. Le mouvement s'annonce très long, et de nombreux points
d'interrogation subsistent dans les négociations et les concessions faites par
le gouvernement. En ce sens, il est jugé dangereux de sacrifier le semestre par
la banalisation, car on risque ainsi de déprécier le diplôme et nuire à
l'image de l'université.
L'attitude du gouvernement. Mépris à l'égard des universités depuis de
nombreuses années, sous les gouvernements de gauche comme de droite. Nous
sommes actuellement dans une impasse, et avons le sentiment d'un vaste gâchis
depuis la nomination de Valérie Pécresse au poste de ministre de
l'enseignement supérieur et de la recherche. Son bilan est pour le moins
tumultueux, voire frise le totalitarisme. Proposition est faite d'une motion
qui demande la démission de Pécresse et de Xavier Darcos.
Une autre intervention aborde la déclaration de Darcos et Pécresse de reculer
d'un an le décret lié à la mastérisation, suite à la journée du 19 mars. Or,
dans les négociations entre les syndicats et le gouvernement, la disparition
des IUFM est maintenue. Du reste, fait remarquer un autre intervenant, la
mastérisation continue d'être envisagée, seul le changement du contenu des
concours est reporté. De même, on annonce le gel des suppressions de postes.
Or, le mouvement réclame la restitution des postes supprimés. On le voit, nous
sommes loin du compte. Appel est donc fait aux syndicats afin qu'ils se situent
clairement par rapport aux décrets, à la loi LRU, et au mouvement.
Il existe bien des divergences d'appréciation quant aux avancées. Mais l'enjeu
actuel est moins dans le maintien d'une position propre aux universités, que
dans l'entrée dans une mobilisation plus générale. En ce sens, il faut faire
le lien avec les mouvements qui s'organisent à l'étranger, et notamment en
Europe, sans pour autant recourir à une « structure » formelle. On pourra
jouer, sans doute avec profit, sur les échéances européennes. Ceci étant à
ranger dans les perspectives dont il sera question plus loin.
On revient sur une récente déclaration de François Copé, lequel affirme qu'un
jeune défavorisé est sur le même plan qu'un jeune riche, car d'après lui, ce
dernier ne trouvera pas sa place en France, contrairement au pauvre, et sera
obligé de s'expatrier pour trouver une situation qui lui conviendra ! Il n'y a
aucun langage commun entre cette vision libérale de la société et la nôtre. Il
est nécessaire de changer de politique.
Cela dit, une intervention appuie la nécessité d'entrer en discussion - ne
serait-ce que pour bien montrer que l'attitude du gouvernement rend toute
discussion impossible - mais en gardant pour objectif le retrait des décrets,
l'abrogation de la LRU, et en plaidant pour une véritable et large
concertation. La lutte n'est pas propre aux universités, elle touche
l'ensemble de l'enseignement en France, donc l'avenir du pays.
La journée interprofessionnelle du 19 mars et ses suites. Le contexte social
est plutôt favorable. Les problèmes portés par les 3 millions de mobilisés
sont aussi les nôtres. L'université est le laboratoire de la casse du service
public, il faut donc élargir le mouvement auprès des autres secteurs du public
(primaire, secondaire, hôpitaux...), et faire pression sur les centrales
syndicales pour se lancer dans la lutte et construire la convergence.
Prêt étudiant. Où que ce soit, il s'agit d'un désengagement de l'État. Il faut
donc pousser nos revendications à l'échelle européenne.


2. Perspectives d'actions

Dans le sens d'un prolongement et d'un durcissement du mouvement :
Boycott sélectif de tous les dispositifs d'application de la LRU (mais assez
inopérant)
Grève administrative (non remontée des décisions au niveau des ministères)
Démission des fonctions administratives (de façon à rendre les présidents
d'universités « aveugles »)
Cortège de zombies jeudi 26 mars au départ de Censier (« Ils veulent nous
tuer, nous reviendrons les hanter ! »)
Grosse journée d'action vendredi 27 mars : pique-nique géant, concert Jolie
Môme, meeting inter-pro, buvette, surprises...). Organiser des commissions,
notamment sur la question du service d'ordre en manifs, mais aussi pour
organiser le barbecue et les animation.
Proposition par la bibliothèque de Censier d'organiser des cours alternatifs
de formation à la recherche documentaire.
Point blocage : c'est le blocage animé qui a été voté. Il se passe assez bien,
malgré les manœuvres de certains profs pour faire entrer leurs élèves en douce
et passer les partiels...
Rappel du principe du blocage : mettre sur un pied d'égalité les personnels et
étudiants en grève par rapport à ceux qui ne le sont pas (mais qui sont
également contre la loi LRU).

Débat
Le sommet anti-OTAN aura lieu dans la fac de Strasbourg, laquelle sera placée
sous contrôle policier et militaire, dans le contexte d'une ville bloquée. Bon
courage aux camarades strasbourgeois mobilisés !
Dans le cadre de la mobilisation « De la maternelle à l'université », gros
besoin du soutien étudiant chez les lycéens, pour le donner à nouveau le
moral. Il faut porter la mobilisation auprès des parents d'élèves. Flora est
référente sur cette action.
Les actions sont jugées parfois peu représentatives de la réalité du milieu
enseignants-chercheurs. Les lectures publiques ou les cours en extérieur, par
exemple, reflètent davantage la réalité de l'université, qui consiste à la
transmission du savoir. On rappelle tout de même que des cours « tout public »
sont donnés sur la ligne 14 du métro parisien.
Les journées ponctuelles d'action sont insuffisantes. Il faut élargir le
mouvement à tout l'enseignement, tout le service public, et aussi au secteur
privé. En ce sens, proposition est (re)faite d'un comité national de grève (la
masse universitaire mandaterait ses représentants pour pousser les syndicats à
la grève générale).
Jeudi 26 mars aura lieu une petite « sauterie » à l'occasion des 40 ans de la
fac Dauphine, sur site. Les collègues mobilisés y sont très isolés. Ils
demandent un coup de main pour aller « pourrir la fête ».
Sur le service d'ordre : on a besoin de volontaires (étudiants, enseignants,
BIATOSS), et ce besoin doit être acté par l'AG. Une réunion sur cette question
se tiendra systématiquement avant et après chaque AG, en cas de départ en
manifs.
Un intervenant juge la grève générale nécessaire, jusqu'à satisfaction des
revendications. Gouvernement et syndicats craignent une radicalisation du
mouvement.
On rappelle l'existence de la « ronde infinie des obstinés » (Place de Grève à
Paris) qui traduit la détermination et la solidarité des grévistes, leur
visibilité, et qui n'exclut pas la tenue sur place et simultanément, de cours
alternatifs. Cette initiative doit être soutenue.
Il est rappelé que lors de la dernière AG commune, la demande formulée auprès
des enseignants, de cours traitant de la méthodologie a été acceptée par ces
derniers. Quant à la banalisation, elle est jugée prématurée et maladroite
pour ce CEVU. Il serait peut-être préférable de reporter la question à la
prochaine CEVU du 10 avril (mais le semestre se termine au 28 mars...).
Les risques du blocage sont soulignés, en particulier le cas d'une enseignante
contrainte à subir une « surveillance » lors d'un cours alternatif.
Une autre intervention rappelle qu'on ne cherche pas à se donner une image,
mais à porter des réflexions. Les étudiants doivent s'interroger sur la
politique de Sarkozy, et se positionner clairement. Le blocage, même si on est
contre par principe, est nécessaire, parce que c'est un acte symbolique fort
face à des attaques très graves. C'est un acte exceptionnel contre une
politique exceptionnelle et anti-démocratique.
Mais, par ailleurs, voter contre le blocage ne signifie pas nécessairement
voter contre le mouvement, cela montre simplement le désir de trouver d'autres
formes de mobilisation. Le blocage est néanmoins nécessaire pour mobiliser
davantage (en AG, en commissions, en manifs...).
Un intervenant dit cependant que le blocage est une anti-liberté, et que l'AG
n'a pas le monopole de la liberté.
Un autre répond que le blocage est le fait d'un épuisement de toutes les
solutions alternatives. La parole du président de Paris 4 est citée : « Les
casseurs, ce sont ceux qui nous gouvernent ». Même chose quant aux bloqueurs.
Tous les bloqueurs veulent aller en cours, mais pas dans le modèle
universitaire imposé par le gouvernement. Le blocage est le dernier recours de
ceux qu'on ignore et qu'on méprise, malgré le « signal » donné par 3 millions
de personnes dans la rue.
Par ailleurs, il est rappelé que la grève est un droit fondamental,
incompatible avec le service minimum.


3. Motions

1.Non pénalisation des étudiants de Paris 3. Votée.
2.Principe de la banalisation du semestre. Voté.
3.Appel aux universités en grève pour la banalisation du semestre. Voté.
4.Solidarité avec les 49 inculpés du 19 mars 2009 et contre la répression du
mouvement. Voté.
5.Démission de Valérie Pécresse. Votée.
6.Démission de Xavier Darcos. Votée.
7.Appel aux syndicats pour la grève, le retrait des décrets (enseignants-
chercheurs et mastérisation), contrat doctoral et la restitution des postes
supprimés. Voté.
8.Appel à la reprise des cours hors les murs. Rejeté.
9.Comité national de grève. Reporté.
10.Service d'ordre. Voté.
11.Poursuite de la grève. Votée.
12.Blocage de l'université Paris 3. Voté (293 pour ; 234 contre ; 57
abstentions ; 10 NPPV)


Publié dans Actualités Paris 3

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